En 2022, l’Académie nationale de médecine a mis en garde contre la montée de comportements d’opposition chez les enfants scolarisés. Les enquêtes nationales révèlent une augmentation de la permissivité parentale depuis une décennie, alors que les résultats scolaires stagnent et que les troubles du comportement progressent.
Les recommandations officielles insistent pourtant sur l’importance de l’encadrement et de la cohérence éducative. Plusieurs études internationales pointent des différences nettes selon les méthodes d’éducation appliquées à la maison, avec des conséquences mesurables sur l’autonomie, l’estime de soi et la capacité d’adaptation des enfants.
Comprendre les différentes approches éducatives : entre laxisme, autorité et bienveillance
Impossible d’ignorer la diversité des modèles éducatifs qui s’affrontent aujourd’hui. L’éducation laxiste désigne une organisation où le cadre se fait discret, parfois absent, et où les règles changent au gré des humeurs. L’enfant, ainsi, évolue dans un environnement où les repères manquent cruellement. Souvent, cette approche se confond à tort avec l’éducation positive : or, le laxisme ne garantit ni l’équilibre, ni la sécurité affective. En France, l’image de l’enfant roi s’est peu à peu ancrée dans certains foyers, générant un climat où la difficulté à instaurer des limites devient un enjeu quotidien.
À l’autre bout du spectre, l’éducation stricte ou autoritaire fonctionne sur la base de règles rigides, où l’obéissance prime sur toute forme de dialogue. L’enfant y apprend à se conformer, parfois au détriment de sa créativité ou de son bien-être émotionnel. Les pratiques d’autrefois, désormais critiquées par les spécialistes des violences éducatives ordinaires, témoignent de ce modèle. Une autorité trop pesante enferme l’enfant, l’amène à se replier ou à douter de ses capacités.
Entre ces deux extrêmes, l’éducation bienveillante s’impose peu à peu, portée par des chercheuses telles qu’Isabelle Filliozat et Catherine Gueguen. L’objectif ? Instaurer un cadre constant et des règles claires, tout en accueillant les émotions de l’enfant. Il ne s’agit pas de céder à chaque caprice, ni de tout imposer sans discussion, mais de trouver une juste mesure, fondée sur la compréhension et la cohérence éducative.
Voici deux principes qui structurent la réflexion autour de ces approches :
- La positive education fait la différence entre accompagner l’enfant sans condition et délaisser toute forme de règle.
- L’enfant a besoin de repères solides pour construire sa confiance, penser par lui-même et s’intégrer dans la société.
La majorité des spécialistes s’accordent sur ce point : articuler fermeté et empathie, sans tomber dans le positive laxisme, permet à l’enfant de grandir en équilibre.
Quels sont les impacts d’une éducation laxiste sur le développement de l’enfant ?
Lorsque le cadre fait défaut, l’enfant se retrouve à naviguer sans boussole. Confronté à des choix trop larges et à l’absence de repères stables, il peine à distinguer ce qu’on attend de lui de ce qui relève de sa liberté propre. Plusieurs recherches pointent une association claire entre éducation laxiste et manque de confiance en soi : sans limites, l’enfant n’apprend pas à gérer la frustration ni à affronter l’opposition.
Les études françaises sont formelles : ces enfants montrent souvent plus d’impulsivité et rencontrent de réelles difficultés à apprivoiser leurs émotions. La relation parent-enfant en pâtit : sans autorité légitime, l’enfant peut ressentir une insécurité persistante, parfois même un sentiment de distance ou de rejet. Certains, désignés comme enfants rois, tolèrent mal la frustration et s’adaptent difficilement à la vie en groupe, que ce soit à l’école ou ailleurs.
Pour mieux cerner les conséquences d’un cadre trop lâche, voici les principaux effets observés :
- Effets néfastes sur le développement : anxiété, comportements de défi, problèmes d’intégration sociale.
- Carences éducatives : manque de repères, difficulté à se valoriser, mauvaise compréhension des règles qui permettent de vivre en société.
La recherche, relayée entre autres par les analyses d’Isabelle Filliozat et Catherine Gueguen, montre que ces difficultés peuvent persister jusqu’à l’adolescence. Paradoxalement, l’absence de cadre peut même conduire à l’apparition de violences éducatives ordinaires : un enfant livré à lui-même cherche parfois, de façon brutale, à tester les frontières qui lui manquent.
Conseils pratiques pour trouver l’équilibre éducatif adapté à chaque famille
La parentalité positive ne se limite pas à une méthode à appliquer aveuglément. Chaque famille avance avec ses propres repères, son contexte, son histoire. Proposer un cadre structurant, sans tomber dans la rigidité, offre à l’enfant le socle dont il a besoin pour s’épanouir. Les spécialistes, dont Isabelle Filliozat et Catherine Gueguen, rappellent que autorité et bienveillance ne s’excluent pas : l’essentiel réside dans la régularité des repères et l’écoute attentive des émotions.
Quelques axes concrets permettent d’installer une dynamique familiale équilibrée :
- Formulez les règles avec clarté et simplicité. Un excès de consignes dilue le message. Mieux vaut s’en tenir à quelques principes solides, ajustés à l’âge et au vécu de l’enfant.
- Accueillez les réactions, même si elles sont vives, tout en maintenant le cap sur les points non négociables. Apprendre à gérer la frustration fait partie du chemin. Écouter les émotions de l’enfant, c’est lui permettre de grandir en conscience.
- Veillez à la cohérence entre adultes. Quand le cadre change d’un parent à l’autre, la confiance s’effrite. Les désaccords se règlent à l’écart, loin des oreilles des enfants.
Autonomie et responsabilité : deux leviers de croissance
L’autonomie se construit par étapes. Proposer à l’enfant des responsabilités adaptées à son âge, valoriser ses petites victoires, encourager la prise d’initiative : autant de leviers pour nourrir sa confiance et son sens des responsabilités. La responsabilité s’installe progressivement, au fil d’échanges réguliers et de retours bienveillants sur ses actions.
Au fond, la parentalité bienveillante repose sur une capacité d’ajustement constant. Observer, réajuster, accompagner sans relâcher le cadre : c’est là que se dessine une éducation positive, bien ancrée, loin des excès, et qui prépare l’enfant à s’inscrire durablement dans la société. Reste à chaque parent de tracer son propre chemin, entre fermeté et souplesse, pour offrir à l’enfant la chance de devenir un adulte solide, capable de s’orienter, même lorsque le monde perd ses balises.