Des approches innovantes pour mieux sensibiliser les jeunes

En France, seuls 16 % des adolescents atteignent le niveau d’activité physique recommandé par l’Organisation mondiale de la santé. Les campagnes d’information traditionnelles peinent à modifier durablement les comportements, malgré des investissements publics constants. Certaines initiatives locales, pourtant modestes, obtiennent des résultats supérieurs aux dispositifs nationaux.

Certains leviers, souvent sous-estimés, facilitent l’engagement et la participation directe des jeunes dans les programmes de prévention et de promotion de la santé. Décoder ces ressorts, c’est se donner les moyens d’agir avec plus de justesse auprès de cette génération.

Pourquoi la sensibilisation des jeunes aux enjeux de santé est aujourd’hui essentielle

La sensibilisation des jeunes ne se limite plus à diffuser des messages répétés sur tous les supports. Les habitudes évoluent, les modes de contact se multiplient, les repères vacillent : il faut désormais déployer de nouvelles stratégies pour toucher une génération hyper-connectée, saturée d’informations. À Paris comme en région, associations et institutions se mobilisent avec des démarches ajustées, souvent élaborées au plus près du terrain. Campagnes ciblées, actions ponctuelles, ateliers : les formats se diversifient pour atteindre des publics variés, qu’il s’agisse d’enfants, d’adolescents ou de jeunes adultes.

Un exemple marquant : Influactive privilégie la communication participative pour solliciter les 18/25 ans. Avec l’appui des laboratoires Merck, l’agence a orchestré une campagne sur l’infertilité relayée via Instagram et YouTube. Résultat : plus de 2,5 millions de jeunes touchés. Les réseaux sociaux offrent une résonance inégalée, loin devant les approches classiques et descendantes. Pour attirer l’attention, Merck choisit un ton décalé, casse les codes et mise sur la psychologie inversée. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une audience d’ordinaire peu réceptive s’empare du sujet.

Les enjeux de santé ne se cantonnent plus au champ médical. Plan International anime des ateliers sur les droits des filles, l’égalité de genre, la lutte contre les violences. À travers le Plan des Jeunes, des clubs se montent pour débattre de l’accès à l’éducation et de l’égalité. Ici, la santé s’entremêle à l’environnement, à la citoyenneté, à la lutte contre les discriminations et au bien-être. On ne parle plus simplement de prévention, mais d’une éducation globale.

Voici quelques initiatives qui illustrent la diversité des approches :

  • Citeo adapte ses messages sur l’éco-responsabilité grâce à une compréhension fine des jeunes engagés.
  • Aquarelle publie une revue francophone pour éveiller les enfants aux questions de discriminations de genre.
  • YOUTH ID favorise la mobilité inclusive par des échanges culturels et des activités entre jeunes en formation.
  • Masseka Kekereke Ti Be Africa porte l’égalité filles-garçons à travers des projets déployés dans les collèges.

Pour s’adresser aux jeunes, la promotion de la santé s’appuie sur la pédagogie, la participation et une grande capacité d’adaptation. Les campagnes qui réussissent à mobiliser, à rendre les jeunes acteurs de leur santé, dessinent peu à peu un nouveau modèle de politiques publiques, en phase avec les réalités de la jeunesse.

Quels leviers pour encourager l’activité physique chez les jeunes ?

L’école s’impose comme un laboratoire idéal pour encourager la pratique physique. Quand élèves et adolescents se retrouvent dans le cadre scolaire, les dispositifs se déclinent et s’adaptent à leurs besoins. Ce sont des lieux où le jeu, l’exploration et l’échange prennent naturellement place. Les actions les plus efficaces s’appuient sur le ludique, l’interactif et la participation active.

Parmi les expériences inspirantes, Sodexo a imaginé des jeux en ligne pour stimuler la consommation de fruits et légumes de saison et apprendre à trier les déchets. Ces jeux, intégrés aux temps périscolaires, permettent d’adopter de nouveaux réflexes de façon presque imperceptible. La répétition du plaisir de jouer ancre durablement ces comportements.

L’initiative de Screlec avec l’opération Piles Solidaires va plus loin encore : la collecte de piles et batteries dans les écoles prend la forme d’un défi collectif, véritable compétition entre classes. Suivi en temps réel, esprit d’équipe, challenge : la gamification transforme un geste ordinaire en expérience partagée. L’engagement dépasse la simple action de tri, il s’inscrit dans la durée.

Com’ des Enfants, quant à elle, a recours à des outils interactifs comme des mascottes et des supports visuels pour guider les plus jeunes vers l’écocitoyenneté. Cette méthode s’inscrit dans une logique de développement des compétences psychosociales : à travers le jeu, la coopération et la réussite collective, les enfants gagnent en confiance et en autonomie.

Ce qui change la donne ? Adapter l’action à l’âge, au contexte, aux envies. Une intervention qui mise sur le plaisir, l’autonomie et la valorisation offre toutes les chances d’enraciner de véritables habitudes d’activité physique au quotidien.

Deux jeunes plantant un arbre dans un parc urbain ensoleille

Santé mentale : des approches innovantes pour favoriser l’engagement des jeunes

La santé mentale occupe désormais une place centrale chez les adolescents. Longtemps mise de côté, elle s’impose aujourd’hui comme une priorité, poussant les acteurs à réinventer leur manière d’aborder le sujet. Entre prévention, transmission et numérique, les initiatives se multiplient, chacune cherchant la voie la plus juste pour s’adresser aux jeunes.

Pour mieux saisir ces dynamiques, voici quelques exemples concrets :

  • L’association e-Enfance/3018 a développé le jeu « Deviens un super-héros du Net » pour sensibiliser aux usages numériques responsables et à la sécurité sur Internet.
  • Les cahiers de vacances « Les As du Web », publiés par ISSA France, traitent les enjeux de sécurité numérique dès le plus jeune âge.
  • La Gendarmerie Nationale propose le « Permis Internet pour les enfants », un programme d’initiation aux bonnes pratiques sur le web, à destination des élèves.

D’autres acteurs institutionnels explorent des formats variés. Pix a mis en ligne une plateforme d’évaluation des compétences numériques axée sur la cybersécurité. Le Centre de la Cybersécurité pour les Jeunes diffuse « 1, 2, 3 Cyber ! », un jeu de société conçu pour les 11-14 ans, pour mieux comprendre les risques liés à Internet. Du côté du ministère de l’éducation nationale, l’escape game « Cyber-Enquête » est utilisé pour sensibiliser en classe de façon immersive.

L’implication des jeunes reste un levier considérable. L’association e-graine accompagne la formation de jeunes ambassadeurs, qui deviennent à leur tour relais auprès de leurs pairs. Des enseignants comme Bérangère Noureau insistent sur la force du collectif, où des élèves moteurs entraînent le reste du groupe. Kerry Bomayako met en avant l’énergie générée par l’action en équipe. Enfin, les ressources pédagogiques de Cybermalveillance.gouv.fr, guides, BD, quiz, vidéos, s’intègrent au quotidien des adolescents, offrant des outils variés, adaptés à leurs usages.

Informer, oui, mais surtout associer. Face à des enjeux inédits, la clé réside dans la capacité à donner la parole aux jeunes, à reconnaître leur potentiel d’action et à s’accorder à leurs modes d’expression. La sensibilisation ne se décrète pas d’en haut : elle se construit ensemble, et chaque voix compte pour tracer des chemins nouveaux.

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